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la boite aux secrets

30 juillet 2012

Marius allait voir ses filles deux dimanches par

Marius allait voir ses filles deux dimanches par mois. Il habitait Beauregard, un village au bord de Saône, sur la route de Fareins. L’orphelinat se trouvait à une demi - heure de vélo. Le dimanche précédent il s’était rendu avec Marie à cette visite dominicale afin de lui présenter les petites et les prévenir qu’il allait se marier prochainement. En temps de guerre il ne trouvait pas raisonnable de sortir les filles de l’institution. C’est pourquoi ces visites le contentaient amplement.

Pour cette occasion, Marie avait sacrifié la farine de son matefaim hebdomadaire pour faire un gâteau aux filles. Ella raconta à Ninon, qui l’écoutait attentivement, qu’elle avait trouvé les gamines bien maigrichonnes, surtout la petite Josette. Celle ci ne paraissait pas bien costaude pour son âge. A 9 ans, elle en paraissait deux de moins. Elle semblait toute timide. De grands yeux couleur scarabée lui mangeaient la figure ainsi que son visage était parsemé de taches de rousseur.

 Les deux sœurs étaient vêtues de grandes robe noires jusqu’aux chevilles et de longues manches recouvrait leur bras. Les grosses galoches de Josette semblaient peser des tonnes sur son petit corps frêle.

Marcelle, l’ainée, à 13 ans, était bien plus hardie et bavarde. Elle expliqua à Marie qu’elle souffrait de cet isolement. C’était l’année de son certificat d’étude et elle rêvait de sortir de l’institution pour entrer en apprentissage dans une  école ménagère .Ce projet n’était pas dans les ambitions de son père Celui-ci  pensait plutôt que la sortir avant sa sœur ne serait pas une bonne chose.

Elle lui raconta aussi qu’elle souffrait des brimades des enfants du village qui lorsqu’ils les voyaient lors de la messe du dimanche les interpellaient en chantant « Oh ! Les orphelines ! Les orphelines ! Oh ! »

Marie racontait tout cela avec de l’émotion dans la voix, cette visite l’avait bouleversée.. Yann était resté à coté des deux femmes au cours du récit et Marie avait posé sa main sur celle du garçon en disant « se sont de braves petites.. »

Elle avait tenté d’aborder le sujet d’un retour à la maison après le mariage mais Marius restait campé sur ses positions. Il se dessinait chez lui un caractère affirmé. Marie avait rapidement compris qu’il valait mieux ne pas le contrarier. Elle savait déjà qu’elle ne faisait pas un mariage d’amour mais plutôt une union de deux solitudes. L’une endurcie par un veuvage de jeunesse l’autre par la moitié d’une vie consacrée à s’occuper des autres plutôt que de soi même.

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24 juillet 2012

A partir de ce jour Yann ne considéra plus Jules

A partir de ce jour Yann ne considéra plus Jules de la meme façon.Il le craignait davantage et restait davantage sur la réserve.

Un dimanche de janvier 43 Marie vint rendre visite à Ninon à l’heure du café . Elle si gourmande se désolait de ne pas amener de gâteau mais la ration de farine était si maigre qu’elle la conservait pour se faire un matefaim en guise de repas du soir.

Yann fut bien content de voir marie. Elle le complimenta sur sa jolie silhouette. Le garçon avait maintenant 11 ans et se transformait doucement en petit jeune homme.

Marie approchait de la quarantaine, des cheveux blancs apparaissaient déjà dans sa belle chevelure noire qu’elle coiffait en chignon. Elle n’avait pas encore décidé de les couper malgré les conseils de Ninon toujours aguerri sur la mode du moment. Elle portait à présent de fines lunettes rondes qui lui donnaient un vague air d’institutrice. Marie leur annonça qu’elle avait rencontré un monsieur.

Il s’appelait Marius. Il était veuf et avait 45 ans .Sa femme était décédée d’une pneumonie en 1937 et il avait deux filles de cette union. Marie l’avait rencontré à l’usine .Il faisait partit des hommes qui n’avait pas été mobilisé. Il avait 48 ans .Il travaillait habituellement à l’atelier de teinture mais à présent il était à la découpe des tissus et il aidait souvent Marie à porter les gros rouleaux de tissus. Ceux ci faisaient environ deux mètres de largeur et il fallait bien être deux pour bien les positionner sur les machines. C’est ainsi qu’ils avaient lié connaissance, puis partagé les moments de midi avec leurs gamelles respectives. Marius ne vivait pas avec ses filles. L’ainée se prénommait Marcelle et la cadette Josette. Marius avait peu de lien avec sa famille ou celle de son épouse c’est pourquoi il avait du se résigner à placer ses deux fillettes a l’orphelinat quelques jours après le décès de sa femme. La petite n’avait que cinq et Marcelle neuf ans  La situation lui convenait et il se disait que rien ne valait mieux pour des enfants qu’une éducation religieuse. Cela faisait déjà 5 ans qu’elles étaient placées à la providence, l’orphelinat du saint curé d’Ars.

22 juillet 2012

Les jours suivant Yann avait moins de courage

Les jours suivant Yann avait moins de courage pour se rendre à l’école. Les classes avaient été réaménagées et il se retrouvait dans la classe d’un maitre très sévère et farfelu. Le moindre prétexte était l’objet de punitions et de brimades devant les copains.

Un matin, machinalement, Yann prit son cartable posé contre l’escalier. Il avait à peine avalé son bol de chicorée. Sa mère gardait les tickets de rationnement pour le lait réservés aux deux jeunes frères.

Yann sortit de la maison. Au bout de la rue, arrivé au niveau de l’horloge ses jambes l’emmenèrent vers les champs du Bordeland au lieu de la cour de l’école. En route il cueillit deux pommes, toutes mures, sur l’arbre d’un paysan. Les champs respiraient bon le frais de la rosée du matin. Plus loin des champs de cardons et de pommes de terre proliféraient avant la guerre et faisaient le bonheur des maraichers mais gonflaient également leur bourses lors du marché le dimanche matin.

A présent il n’y avait plus de cardons et une partie des récoltes de patates étaient réquisitionnées par les allemands pour nourrir leurs troupes. Yann ne vit pas le temps s’écouler. Il passa sa journée a rêvasser allongé dans l’herbe et à s’amuser à fabriquer des collets. Il résuma sa journée en concluant qu’on pouvait très bien se passer de l’école et être bien plus heureux. Il se promit de répéter le même programme pour le lendemain. Il prit bien garde de rentrer a l’heure de sortie des écoliers et évita de rencontrer ses petits camarades.

La soirée se passa comme d’habitude, vaquant à ses différentes corvées et notamment au désherbage du jardin. Le lendemain Yann se prépara et glissa son quignon de pain du petit déjeuner dans son cartable. La journée se passa à nouveau comme dans un enchantement mais l’air fut si doux sur son visage de préadolescent qu’il s’endormi peu de temps avant de partir pour la maison. Brusquement il se réveilla, il ne s’avait plus ou il était et repris peu a peu ses esprits. Une torpeur l’envahi Quelle heure pouvait il être ?

Il était sur que les enfants étaient sortit de l’école depuis déjà un certain temps.

Il défroissa sa culotte et remis ses bretelles. Il arrangea sa chemisette tout en imaginant craintivement son arrivée à la maison. Pourvu que Jules ne soit pas encore rentré du travail se dit-il.

Il couru sur le chemin puis ralentit a l’entrée de la rue Nicolas Risler. Il ne voulait pas arriver dégoulinant de sueur.

Jules l’attendait devant le portail, son visage crispé n’évoquait rien de bon. Lorsqu’il vit approcher Yann il se rendit à sa rencontre. Jules était fort et son travail en usine l’avait rendu plus résistant et lui avait développé les biceps. Il prit Yann par le revers de la chemise et le souleva de terre, puis il l’empoigna par le bras.

« Viens avec moi mon gaillard » lui cria t il « faire honte à ma famille, le maitre est venu voir ta mère a midi et l’a prévenu que tu n’étais pas à l’école de puis deux jours ! Mais d’où sors-tu pour te comporter comme ça. Tu n’est pas digne de porter mon nom »

A ses paroles Yann pris la nausée, les souvenirs petit enfant lui remontaient à l’esprit, son cœur se remplissait de chagrin et de haine .La situation était injuste. Une petite fille était partie quelques jours plus tôt, des événements tragiques dans le quartier et lui, Yann pour apaiser sa peine avait fait l’école buissonnière. Les adultes ne comprenait donc rien..

Jules sortit son ceinturon et le regarda droit dans les yeux.

« Tu vois petit merdeux je le sors pour la première fois, j’espere que cela ne se reproduira pas. » Il obligea Yann à se mettre à genou et lui claqua la ceinture sur les fesses. Yann serra les dents et par fierté ravala ses larmes. Il se sentit bien seul au monde .Il se dit qu’il ne pourrait en parler à personne, sa mère sous l’emprise de jules ne le soutiendrait certainement pas. Et tante Marie venait rarement de Fareins, et il serait difficile de s’isoler avec elle pour évoquer son chagrin.

Ce soir là Yann s’endormit très tard le cœur plein d’amertume et rêvant a qui pouvait être son père. Lui surement il ne l’aurait pas corrigé et aurait comprit 

19 juillet 2012

Soudain la porte de la classe s’ouvrit

Soudain la porte de la classe s’ouvrit brusquement. Le directeur de l’école devançait deux hommes en imper de cuir noir et borsalino enfoncé sur le crane. Le directeur baissait la tête et l’instant était trop lourd pour qu’il puisse avoir le courage de regarder Mr Levy.

« Mr Levy, suivez nous » dit d’un ton glacial l’un des deux hommes.

Les enfants sagement assis regardaient la scène d’un air interrogateur, mais sans bruit.

Le maitre dit seulement aux enfants « ne vous inquiétez pas mes petits je reviens dans un instant ».

Mr Levy sortit accompagné et le directeur demanda aux enfants de se tenir sage pendant ce temps là. Il désigna le plus grand des élèves pour tenir la classe tranquille.

Hubert rossignol, le plus âgé d’entre eux se dirigea sur l’estrade et s’assis à la place du maitre.

C’est alors qu’on entendit des cris dans la cour de l’école

« Ne faite pas mal à ma fille elle est capable de marcher toute seule ! »

Les enfants ne tenant plus d’impatience sur leur chaise se levèrent et s’agglutinèrent derrière les hautes fenêtres.

L’un des hommes tenait fermement la petite Rachel par le bras et la forçait à monter dans une voiture, Mr Levy monta ensuite. On entendit le bruit de moteur se mettre en route. Mr Levy se retourna d’un air songeur sans faire de signe aux enfants.

Yann avait presque onze ans et ce fut le dernier souvenir qu’il garda de Mr Levy et de la petite Rachel.

En rentrant de l’école, plus tôt que d’habitude, Ninon ne fut pas étonnée de son arrivée. On était venu chercher Me Levy dans la matinée et toute la rue parlait de l’événement.         

17 juillet 2012

En Mai 40 la jeune femme appris que son frère

En Mai 40 la jeune femme appris que son frère Jean était prisonnier en Allemagne. Il avait été blessé à la tete et avait été opéré dans la région de fribourg . Son état n’était pas alarmant .Il avait été placé dans une famille d’agriculteurs allemands. Les hommes manquaient aussi, la bas, pour les travaux de ferme.

La mère de Ninon mourût en septembre 40. La famille Chabert se rendit à l’enterrement à fareins jojo et le bébé nono furent gardés par une voisine du quartier. Yann eu le droit de dire au revoir une dernière fois à sa grand mère. Le cortège qui se rendit de la maison au cimetière se composait essentiellement de femmes et de personnes âgés. Jules était un des rares présents avec sa famille. Ninon proposa de se rassembler ensuite au café avant de repartir chacun de son coté. Les femmes bure une chicorée légère, le café devenant une denrée introuvable. Les hommes se contentèrent d’un fond de vin blanc .

Le père de Ninon suivi sa femme de quelques mois. Depuis son décès, il se laissait aller et n’avait plus gout à rien. Sa fille Marie avait beau le stimuler le ressort était cassé.

Marie se retrouva seule à Fareins dans la maison des parents.

Au fil des mois la guère endurcissait la vie quotidienne. L’hiver rude et le manque de charbon n’arrangeait rien .Ninon avait tricoté des mitaines pour la maison et récupérer des couvertures pour les chambres. Le jardin avait produit quelques pommes de terre pendant l’été et les parents de jules fournissaient quelques rares légumes. La viande se faisait rare et la pêche en Saône permettait d’améliorer l’ordinaire .Yann grandissait et en septembre 41, il allait sur ses 10 ans .

Dégourdit pour son âge, jules lui avait appris à confectionner des collets afin de choper les lapins dans les champs près de bordeland.

La grosse usine de confection qui employait Ninon avait changé ses produits de fabrication. La nécessité du moment faisait qu’elle confectionnait des culottes et des vestes pour les soldats. Le tissus était épais et Ninon maugréait souvent après cette salle guerre qui lui abimait sa machine à coudre .Le peu d’argent qu’elle récoltait permettait d’améliorer l’ordinaire.

 L’usine possédait de grandes cheminées avec de hauts fourneaux qui permettaient de teindre les tissus .Les chaudières était alimentées par du coke et souvent des débris retombaient au dessus des hauts murs de l’usine. La mission de Yann et ses compères étaient de partir à la tombée du soir avec une brouette. Ils ramassaient le coke répandu et la récolte était partagée entre voisin.

Alors que le printemps 42 s’achevait, Yann se rendit à l’école comme chaque matin. Quelle ne fut pas son interrogation lorsqu’il vit arriver Mr Lévy et sa fille. Une étoile jaune était cousue sur la blouse de l’instituteur ainsi que sur le tablier de sa fille. Lily le copain de Yann qui était plus âgé et plus hardi osa interpeller le maitre et lui demander à quoi servait cette étoile. Mr Lévy eu un petit attroupement autour de lui. Il expliqua ce qu’était la religion juive et que l’armée allemande imposait aux personnes juives de se distinguer par cette décoration sous peine d’être arrêté.

Ce fut les vacances d’été. La petite Rachel Lévy avait peu l’autorisation de sortir de la maison, parfois une patrouille allemande se promenait dans le quartier et à ces moments là chacun rentrait chez soi. Le couvre feu imposait aussi l’isolement de chaque famille dans sa maison. Un jour du mois de juillet Yann entendu des bribes de conversations entre jules et Mr Lévy. Il comprit qu’il parlait de personnes juives qui avaient été arrêtées dans leur foyer à paris et que Mr Levy avait peur pour sa famille mais ne savait pas quoi faire.

C’est en octobre 42 que la mémoire de Yann fut frappée à jamais par l’injustice et l’atrocité de la guerre. Cette rentré là il intégrait la grande section, la section de Mr Levy qui le conduirait jusqu’au certificat d’étude. Alors que Mr Levy leur donnait une leçon de géographie portant sur la Loire et ses confluents, un bruit de moteur résonnât sous les fenêtres de la classe. Mr Lévy arrêta de parler. On entendit des bruits de pas affirmés qui claquaient dans le couloir et quelques mots difficilement audibles.    

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14 juin 2011

« Jules !! » hurla Ninon en se levant brusquement

« Jules !! » hurla Ninon en se levant brusquement de sa chaise. Les parents avaient à peine eu le temps de relever la tête de leur assiette de soupe et Yann regardait sa mère se précipiter vers jules, tellement emmitouflé qu’il ne l’avait pas reconnu. Ninon n’arrivait pas à reprendre ses esprits .Trois semaines sans nouvelles et son mari était en face d’elle. Toute sorte d'idées lui était passées par la tete, l’inquiétude ne l’avait jamais quittée. Elle reprit son souffle et aida jules à se débarrasser de ses frusques. Sa mine était fatiguée et il toussait fortement.

« Viens t’assoir mon chéri, mais tu as de la fièvre ! » dit elle

« Cela fait huit jours que je souffre de cette mauvaise toux. Le médecin m’a ausculté et on a découvert que je souffrais d’emphysème. Je suis passé devant la commission de réforme il y a 3 jours. La bonne nouvelle c’est que je ne suis plus bon pour la guerre ! Ils ne veulent pas de moi. Je suis de retour à la maison. Mais qu’elle n’a pas été ma surprise de trouver la maison vide en arrivant à villefranche ! je me suis précipité chez les voisins qui m’ont expliqué et j’ai pris la route à pied pour fareins. Comme je suis heureux de vous voir et de ne pas repartir. A se qu’on dit la guerre ne devrait pas être longue, mais pour moi elle a déjà trop duré. »

Toute la famille était heureuse de le voir et se retenait pour ne pas lui poser trop de questions.

« Prend une bonne soupe bien chaude et pendant ce temps la je vais faire chauffer de l’eau pour que tu puisses te laver dans la remise. Demain on fera venir le docteur pour qu’il te donne de bons medicaments. »

Jules était soulagé, le cauchemar était terminé, il fallait a présent s’organiser a la maison pour vivre correctement car les conditions de vie allait se durcir. Il retournerait ses prochains jours dans son usine, deux bras d’hommes ne seraient pas en trop.

14 juin 2011

La ferme des Chabert était bien chauffée, ils

La ferme des Chabert était bien chauffée, ils furent soulagés de se mettre à l’abris. Une grosse marmite attendait sur la cuisinière. Ninon pouvait être sur qu’ils ne mourraient pas de faim. Le grand père avait un grand potager ainsi que des poules et des lapins. Chaque année il tuait le cochon avec leurs amis et organisait une fête avec leurs proches voisins.

« Je vous ai fait une bonne soupe aux choux » dit la mère Chabert.  » Vous mettrez vos affaires dans la chambre du haut, il y a un grand lit pout toi, Ninon, et Yann et j’ai ressorti le petit lit du grenier pour le petit jojo. Votre chien restera dans la salle, je n’ai pas envie qu’il se chamaille avec le notre dehors. »

Ainsi la première soirée se passa paisiblement. Les Chabert étaient soucieux. Deux de leur fils étaient mobilisés, et le courrier ne parvenait pas normalement. Ils n’avaient pas plus de nouvelles que Ninon de leurs enfants. La jeune femme avait son frère charpentier, parti également vers la lorraine. Ninon souhaitait garder un rythme régulier pour Yann aussi le lendemain elle laissa le petit jojo à sa belle mère et prépara Yann pour se rendre à l’école du village. Elle n’avait pas beaucoup dormi. A la lumière d’une bougie, afin de ne pas réveiller les petits, elle avait écrit une longue lettre à Jules pour le prévenir des récents événements.

Le maitre ne fit aucun problème pour accepter Yann dans sa classe. Le gamin reconnu tout de suite le grand tableau noir et l’instituteur le fit s’installer au fond de la classe. Les bancs de devant étaient réservés aux ainés qui préparaient leur certificat d’étude. Yann aperçu sa cousine Germaine qu’il pourrait retrouver à la récréation. Ninon vint le chercher à midi et s’arrêta faire un petit salut à sa mère qui ne bougeait presque plus de son grand fauteuil en osier. Elle souffrait du cœur et s’essoufflait très vite, le repos lui était indispensable et le médecin avait prévenu Marie qu’elle pourrait très bien la retrouver inanimée a son retour du travail. Ninon trouva sa mère bien fatiguée et se dit que la mort l’emporterait bien prochainement.

Les jours de la semaine se succédaient, le froid restait intense, il ne neigeait plus mais l’épaisseur accumulée ne fondait pas.

Cela faisait environ dix jours que Ninon était installée. Malgré la gentillesse des beaux parents, le temps lui durait, elle ne pouvait pas exécuter sa confection quotidienne et elle n’avait toujours pas de nouvelles de Jules. Un soir, alors que la famille mangeait la soupe quotidienne, la porte d’entrée s’ouvrit brusquement sur la grande salle.

13 juin 2011

Les 4 hommes du quartier, mobilisés, partir le

Les 4 hommes du quartier, mobilisés, partir le même jour. D’un commun accord les femmes ne les accompagnèrent pas à la gare, afin de rendre les aurevoir moins déchirant. Ninon ne pleura pas devant les enfants, c’est le soir, lorsque Yann se coucha qu’il entendit sangloter sa mère. Il se dit que l’attente du retour allait être bien longue, et puis que dans quelques jours il allait retourner à l’école.

La petite vie du quartier s’organisa avec à sa tête des femmes solides et courageuses qui proposèrent à Ninon de l’aider pour les corvées de lessive car elle ne pouvait plus bien se baisser sous le poids du bébé qui prenait sa place dans son ventre. Elle accepta avec plaisir et en contre partie le frère de jules une fois  par semaine rapportait des légumes de la ferme. Ainsi Ninon en faisait profiter les voisines. Les jours passaient, le chien, Pato était une bonne compagnie et jojo se faisait un malin plaisir de lui tirer la queue tout en marchant à quatre pates. L’hiver fut précoce. En novembre il commença a neiger. Ninon se prit d’inquiétude pour ce salle temps d’autant que seule elle ne pourrait pas se rendre à la maternité si le bébé arrivait plus tot . Elle évoqua ses angoisses à sa sœur Marie qui parfois le samedi descendait un moment de fareins pour la voir et embrasser son cher neveu qui lui manquait tant.

« Ne t’inquiètes pas Ninon, on va bien trouver une solution. » dit marie d’une voix rassurante ,tes beaux parents on une grande ferme, j’irai les voir, ils te rendront surement service . »

 Ninon ne trouva pas l’idée saugrenue. Elle n’eut aucune nouvelles de la semaine, personne n’ayant de téléphone dans le quartier. La neige ne cessait pas de tomber et la rue devenait difficilement praticable. C’est le samedi suivant, alors qu’elle préparait une soupe de pomme de terre pour elle et les petits que le klaxon d’une voiture la surpris dans ses pensées. Elle fut a moitié surprise de voir son beau frère à la porte, il portait un grand manteau de laine et un chapeau de feutre. Il n’était pas mobilisé, il était l’ainé de la famille et n’était que réserviste.

« bouh !! Il fait un froid de canard !!, mais que ça sent bon ici ! » Dit il. Ninon le fit entrer dans la cuisine et lui servi une eau chaude avec des feuilles de tilleul séchées qu’elle avait soigneusement ramassé et gardé dans des pots depuis l’année d’avant.

« Ninon, je viens te chercher, je vous emmène chez mes parents, ils vous accueillent tous les trois avec plaisir tant que le temps ne se calme pas ».

Ninon était bien d’accord mais elle ne pu s’empêcher de montrer son inquiétude « je vais préparer les affaires, seulement je n’ai pas de nouvelles de jules depuis dix jours. Son régiment est dans la Somme et apparemment il n’était pas trop mal traité. »

« Ecoutes, tu lui écriras une lettre de Fareins , le bureau de poste n’est pas loin de la ferme , Yann pourra y aller en allant à l’école. Il va reprendre ses anciennes habitudes !! »

Ninon acquiesça. Elle s’empressa de faire les bagages, elle alla porter la soupe toute chaude à la voisine, la prévint de leur départ et lui remis un petit mot d’excuses pour le maitre d’école de Yann . Yann n’eut pas le temps de saluer ses copains, il fallait se dépêcher avant la nuit et la route après le pont de Beauregard était mauvaise en cette période d’intempérie.

Ironie du sort, quelques années auparavant, Ninon s’engouffrait dans la camionnette avec yann par une chaleur caniculaire. Aujourd’hui c’était un froid glacial qui les accompagnait.

11 mars 2011

Alors que Charles Trenet fredonnait « ya d’la

Alors que Charles Trenet fredonnait « ya d’la joie », l’ambiance à la maison était triste. Yann n’osait rien dire, sentant sa mère préoccupée il n’osait pas sortir s’amuser avec les copains. Lors de la récréation, les gosses jouaient comme d’habitude, mais sur le chemin de l’école, Mimile et la bande savaient que leur père partirait un de ces jours à venir. Jules pu rester en congés la veille de son départ. ll en profita, aidé de  Ninon, pour organiser la vie à la maison durant son absence. Il se faisait beaucoup de soucis pour Ninon qui fatiguait davantage pour cette grossesse. L’accouchement était prévu en Décembre et vue les événements, cette fois il aurait surement lieu chez eux. L’hôpital serait plutôt réquisitionné pour les soldats. Il partit le dernier matin à Fareins avec le vélo et la charrette afin de rapporter des vivres pour que la famille tienne les premières semaines. Le froid arriverait et Yann serait dédié à alimenter en charbon la cuisinière. Jules comptait sur ce petit bonhomme d’à peine huit ans pour seconder Ninon dans les taches ménagères et la garde du petit Jojo.

En fin de matinée, Jules revint avec la charrette pleine de légume mais également d’une surprise. La chienne de ses parents avait mis bas au début de l’été de trois chiots. C’était un chien de chasse solide et qui faisait office de garde dans la cour de la ferme. Le chiot que portait jules dans ses bras n’avait que trois mois .Il était déjà vif.

« Regarde, Ninon » dit Jules en posant le chien sur le sol. »Je vous amène un gardien durant mon absence. Il vous sera bien utile en cas de rodeur, il pourra vous avertir. » Yann était content de ce nouveau compagnon de jeu.

« On va l’appeler comment ? » demanda Yann.

Ninon proposa « on peut l’appeler Pato, regardez ces pates elles vont être bien larges apparemment ! »

A l’unanimité le nom fut adopté. C’était une bien maigre consolation, au regard de ces jours sombres qui s’annonçaient.

 

11 mars 2011

La rentrée des classes fut morose, bien que Yann

La rentrée des classes fut morose, bien que Yann ait de nouveaux copains il sentait une atmosphère pesante à la maison et dans le quartier. De grandes affiches étaient placardées sur les murs des bâtiments et parlaient de mobilisation générale. Jules n’avait pas encore reçu sa lettre. Chaque matin Ninon se précipitait à la rencontre du facteur pour être la première informée. Son frère plus jeune avaient déjà reçu son affectation, les deux ainés étaient aussi en attente. Son père devrait redoubler d’ouvrage pendant l’absence du fils qui le secondait sur les chantiers. Ce  ne serait pas chose facile, l’âge avançant, Marie seconderait au mieux et compléterait son travail à l’usine par les heures supplémentaires engendrée par la pénurie d’hommes mobilisés. Chez Chabert, les parents de Jules, l’inquiétude s’installait, ses frères étaient aussi mobilisables.

Ce matin du 15 septembre, Ninon ouvrit l’enveloppe. Jules avait son affectation pour le régiment des chasseurs à pied de Mulhouse.  

Malgré les recommandations du médecin qui lui interdisait de faire du vélo, elle demanda à Yann de surveiller le petit jojo. Elle enfourcha son velo et pédala en direction de l’usine de Jules. Elle le fit appeler par le garde dans sa petite cabine à l’entrée de l’entreprise. Jules sortit rapidement, les mains pleines de cambouis. Il comprit vite et prit une mine consternée. Le départ serait pour le surlendemain. Il prendrait le train à la gare de Villefranche.

Le soir à la maison, marie vint leur rendre visite, ses deux frères avaient aussi leur ordre d’affectation et les frères de jules également. Tous ces jeunes hommes qui s’en allaient ! Les nouvelles à la radio se voulait plutôt rassurantes .La guerre ne serait pas longue et la France s’engageait à donner une bonne leçon à Hitler.

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