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la boite aux secrets
22 juillet 2012

Les jours suivant Yann avait moins de courage

Les jours suivant Yann avait moins de courage pour se rendre à l’école. Les classes avaient été réaménagées et il se retrouvait dans la classe d’un maitre très sévère et farfelu. Le moindre prétexte était l’objet de punitions et de brimades devant les copains.

Un matin, machinalement, Yann prit son cartable posé contre l’escalier. Il avait à peine avalé son bol de chicorée. Sa mère gardait les tickets de rationnement pour le lait réservés aux deux jeunes frères.

Yann sortit de la maison. Au bout de la rue, arrivé au niveau de l’horloge ses jambes l’emmenèrent vers les champs du Bordeland au lieu de la cour de l’école. En route il cueillit deux pommes, toutes mures, sur l’arbre d’un paysan. Les champs respiraient bon le frais de la rosée du matin. Plus loin des champs de cardons et de pommes de terre proliféraient avant la guerre et faisaient le bonheur des maraichers mais gonflaient également leur bourses lors du marché le dimanche matin.

A présent il n’y avait plus de cardons et une partie des récoltes de patates étaient réquisitionnées par les allemands pour nourrir leurs troupes. Yann ne vit pas le temps s’écouler. Il passa sa journée a rêvasser allongé dans l’herbe et à s’amuser à fabriquer des collets. Il résuma sa journée en concluant qu’on pouvait très bien se passer de l’école et être bien plus heureux. Il se promit de répéter le même programme pour le lendemain. Il prit bien garde de rentrer a l’heure de sortie des écoliers et évita de rencontrer ses petits camarades.

La soirée se passa comme d’habitude, vaquant à ses différentes corvées et notamment au désherbage du jardin. Le lendemain Yann se prépara et glissa son quignon de pain du petit déjeuner dans son cartable. La journée se passa à nouveau comme dans un enchantement mais l’air fut si doux sur son visage de préadolescent qu’il s’endormi peu de temps avant de partir pour la maison. Brusquement il se réveilla, il ne s’avait plus ou il était et repris peu a peu ses esprits. Une torpeur l’envahi Quelle heure pouvait il être ?

Il était sur que les enfants étaient sortit de l’école depuis déjà un certain temps.

Il défroissa sa culotte et remis ses bretelles. Il arrangea sa chemisette tout en imaginant craintivement son arrivée à la maison. Pourvu que Jules ne soit pas encore rentré du travail se dit-il.

Il couru sur le chemin puis ralentit a l’entrée de la rue Nicolas Risler. Il ne voulait pas arriver dégoulinant de sueur.

Jules l’attendait devant le portail, son visage crispé n’évoquait rien de bon. Lorsqu’il vit approcher Yann il se rendit à sa rencontre. Jules était fort et son travail en usine l’avait rendu plus résistant et lui avait développé les biceps. Il prit Yann par le revers de la chemise et le souleva de terre, puis il l’empoigna par le bras.

« Viens avec moi mon gaillard » lui cria t il « faire honte à ma famille, le maitre est venu voir ta mère a midi et l’a prévenu que tu n’étais pas à l’école de puis deux jours ! Mais d’où sors-tu pour te comporter comme ça. Tu n’est pas digne de porter mon nom »

A ses paroles Yann pris la nausée, les souvenirs petit enfant lui remontaient à l’esprit, son cœur se remplissait de chagrin et de haine .La situation était injuste. Une petite fille était partie quelques jours plus tôt, des événements tragiques dans le quartier et lui, Yann pour apaiser sa peine avait fait l’école buissonnière. Les adultes ne comprenait donc rien..

Jules sortit son ceinturon et le regarda droit dans les yeux.

« Tu vois petit merdeux je le sors pour la première fois, j’espere que cela ne se reproduira pas. » Il obligea Yann à se mettre à genou et lui claqua la ceinture sur les fesses. Yann serra les dents et par fierté ravala ses larmes. Il se sentit bien seul au monde .Il se dit qu’il ne pourrait en parler à personne, sa mère sous l’emprise de jules ne le soutiendrait certainement pas. Et tante Marie venait rarement de Fareins, et il serait difficile de s’isoler avec elle pour évoquer son chagrin.

Ce soir là Yann s’endormit très tard le cœur plein d’amertume et rêvant a qui pouvait être son père. Lui surement il ne l’aurait pas corrigé et aurait comprit 

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Commentaires
L
Bien triste mais très bien raconté que l'on imagine la scène... beaucoup de petits détails se rajoutent rendant très vivante l'imagination à la lecture ... TB
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